Objectif Nature: Espèce : Ophrys abeille (Ophrys apifera)

Ophrys abeille (Ophrys apifera)

Dès le début du mois d'avril, l’Ophrys abeille (Ophrys apifera) fleurit déjà dans le bassin méditerranéen. On ne peut pas dire qu’elle remplit les pelouses, mais elle fleurit par petits nombres dans divers endroits, généralement des pelouses calcaires. L'Ophrys abeille (Ophrys apifera) est une espèce d'orchidaceae terrestre, c’est une Orchidée sauvage. Le terme "sauvage" qui pourrait être mal compris par tout novice ne dissimule en rien sa beauté, ni même celle des autres Orchidées dites "sauvages". De toute évidence, comme pour les autres espèces de la liste rouge de l'UICN, ces Orchidées bénéficient d'un statut de protection très strict.

Dans cet article différentes parties de cette fleur seront cités, comme le labelle, le stigmate, le pétale, les sépales et le périanthe. Cet article traitera donc de l'Orchidée elle-même, mais aussi de deux parties pour lesquelles j'ai reçu le l'aide de la part connaisseurs et passionnés pour les illustrations. Ces parties sont le labelle et le périanthe.

Alors !... L'Ophrys abeille… C'est quoi ? L'Ophrys abeille (Ophrys apifera) est une espèce d'orchidaceae terrestre.

Et d’où vient ce nom ?

On se replonge un bref moment sur les bancs d'école et on se souvient de ces ennuyeux cours de grammaire avec le radical et la terminaison mais aussi les préfixes et les suffixes. Donc on se rappelle que Ophrys (du latin) ou Ophrus (du grec) signifie sourcil et apifera : du latin apis (abeille) et fero (je porte). Selon le dictionnaire de l'Académie Française, en botanique Ophrys désigne un genre de plantes de la famille des Orchidacées, répandues en Europe, et dont les fleurs, au labelle très coloré, réunies en épis compacts, évoquent la forme de divers insectes.

Cette espèce se rencontre en pleine lumière ou à mi-ombre, sur sols surtout calcaires, dans les pelouses, les garrigues, les broussailles, les bois clairs, les prés ras, rocailles, talus, dunes, au bord des routes également. Jusqu'à 1 500 mètres d'altitude.

La floraison a lieu d'avril à juin dans le bassin méditerranéen et à partir de mai dans les régions plus nordiques.

Ophrys apifera est pollinisée par des abeilles solitaires (dont plusieurs espèces d'eucères, parmi elles, Eucera longicornis) mais pas par les abeilles sociales (comme l'abeille domestique). La plante attire l'insecte en produisant une odeur qui imite l'odeur de l'abeille femelle. De plus, le labelle se comporte comme un leurre que l'abeille mâle confond avec une femelle. Le transfert de pollen se produit pendant la pseudo copulation qui s'ensuit.

Certaines chrysomèles peuvent également se prendre au piège, des cas d'Exosoma lusitanicum en pseudocopulation avec celui-ci ont été rapportés.

Si la fécondation croisée n'a pas eu lieu, Ophrys apifera a recours à l'autofécondation. On peut observer un basculement précoce des pollinies sur le stigmate. Cette particularité provoque des variations locales nombreuses dont on a parfois voulu faire des espèces nouvelles. (O. jurana, bicolor, aurita, fulvofusca, trollii, botteroni, friburgensis, saraepontana, flavescens...). Les illustrations suivantes montrent les lusus jurana, bicolor et aurita. Le lusus jurana est caractérisé par de grands pétales roses presque identiques aux trois sépales et un labelle bicolore déformé, tandis que aurita présente deux pétales allongés (au moins du double de ceux de l'espèce type). Le lusus bicolor est quant à lui caractérisé par un labelle bicolore, la zone basale étant plus claire que la zone apicale.

Comment la reconnaître et l'identifier ?

- Grands sépales roses ou blancs avec nervure verte pour la plupart des variantes.

- Petits pétales jaune verdâtre, velus, triangulaires.

- Labelle caractéristique 1 semi-globuleux, velouté, avec dessins jaunes, 2 lobes latéraux en forme de bosse ; fait penser à un abdomen d'insecte.

En ce qui concerne les parties de cette Orchidée, parlons un peu du périanthe.

On retourne un bref instant au cours du professeur Grammatoch pour savoir que le périanthe provient du grec ancien περί/perí qui signifie "autour", et ἄνθος/ánthos qui signifie "fleur". En associant le radical et la terminaison on comprend tout de suite mieux de quoi il s'agit.

Le périanthe est donc l'ensemble des enveloppes qui assurent la protection des organes reproducteurs de la fleur (étamines et pistil) ; il comprend le calice composé de sépales et qui assure une fonction de protection et accessoirement une fonction chlorophyllienne, puis la corolle composée de pétales (lames minces et colorées) pouvant attirer des insectes pollinisateurs.

Voici deux types de périanthe de l'Ophris apifera (photos du dessus : périanthe rose et photos du bas : périanthe blanc). --- Observations et photos : © Gisèle BARLET

Il existe quatre types de périanthes, mais ils ont sans doute plus d'intérêt pour les botanistes que pour nous photographes nature où reconnaître l'espèce nous convient déjà parfaitement. Je n'en parlerai donc pas dans cet article.
Une autre partie de cette Orchidée est le labelle. Le labelle (ou labellum) est une pièce florale constituant le troisième pétale médian de la fleur de certaines plantes telles que les orchidées. Il est de forme, de taille et de couleurs très variées selon les espèces. Sa fonction biologique est essentiellement d'attirer l'insecte pollinisateur et de lui procurer une plateforme d'atterrissage.Cet organe concerne principalement les orchidées, mais des structures équivalentes sont trouvées chez d'autres familles.
Scientifiquement l'origine du labelle chez les Orchidées... Eh bien !... C'est pas simple, je dirais même que c'est compliqué ! Robert Brown en 1833 et Charles Darwin en 1895 ont proposé qu'il s'agissait de la fusion entre le pétale médian et deux anciennes étamines en forme de pétale. Actuellement l'opinion admise est qu'il s'agit d'une évolution du troisième pétale.
La fonction essentielle du labelle est d'attirer jusqu'au gynostème, les insectes en quête de nectar, de pollen, de partenaire sexuel ou plus rarement d'abri nocturne. Ceci dans le but d'effectuer une fécondation croisée par pollinisation entomophile.
De forme presque toujours différentes des deux autres pétales et des sépales, le labelle est particulièrement visible, grand, orné et polymorphique : allongé et entier chez Platanthera, au lobe central bifide chez Himantoglossum robertianum, trilobé chez Dactylorhiza et Orchis, plan chez Coeloglossum, bombé chez Ophrys, en ruban torsadé chez certains Himantoglossum ou encore particulièrement enflé chez Cypripedium.
Du point de vue de sa texture, le labelle présente des poils comme le velours d'Ophrys, des reliefs en forme de callosités chez Serapias, des lamelles chez certains Anacamptis, des sillons chez Cephalanthera ; un sillon central et des dépressions latérales qui produisent du nectar chez Neottia ovata.
Du point de vue de la coloration, de nombreuses Orchidées sont ornées de points et de traits colorés afin de guider les insectes vers les organes sexuels. Certaines papilles peuvent également être colorées comme chez Orchis militaris.
Quelques formes de labelles caractéristiques- Labelle jaune et allongé de Platanthera chlorantha- Labelle tacheté et trilobé de Dactylorhiza maculata- Labelle taché en ruban torsadé d'Himantoglossum hircinum- Labelle plan, glabre et quadrilobé d'Orchis anthropophora- Labelle gravé de sillons d'Anacamptis pyramidalis
Il y a encore de quoi détailler cette partie de l'Orchidée, mais à nouveau ça aura sans doute plus d'intérêt pour les botanistes et les scientifiques que pour nous photographes nature. Pour terminer cet article, je citerai juste cette variété, que je qualifie peut-être à tort d'atypique, l'Ophrys abeille à labelle incurvé (Ophrys apifera var. curviflora). --- Observation et photo --- © Philippe BERTIN (Nature & Montagne)